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Miraï, ma petite soeur

Miraï, ma petite soeur

2018 Réalisé par Mamoru Hosoda 1h38
Film d'animation
A l’arrivée du bébé, le petit Kun se sent abandonné. Le créateur des Enfants loups dépeint les bonheurs et les affres de l’enfance avec grâce et subtilité.

Faut-il encore présenter Mamoru Hosoda, l’un des plus grands réalisateurs d’animation au monde, qui talonne le maître Hayao Miyazaki depuis plusieurs années avec des merveilles comme Les Enfants loups (2012) ou Le Garçon et la Bête (2015) ? Il y abordait à sa manière moderne des thèmes traditionnels comme la filiation et le temps. Son cinquième long métrage est, à nouveau, un petit miracle qui fera fondre même ceux que l’animation japonaise laisse habituellement froids.

Une vue du ciel sur un quartier de maisons bien serrées comme à la parade, puis la descente en piqué dans celle de Kun, un petit garçon qui attend à la fenêtre, en jouant à faire de la buée sur la vitre. Papa et maman vont bientôt rentrer de la maternité avec « le bébé ». Les voilà qui arrivent, Kun dévale maladroitement les escaliers et découvre sa petite sœur. Rapidement, le nourrisson accapare toute l’attention des parents. Kun trépigne, pris d’un gros chagrin. Il se sent abandonné, et ne peut s’empêcher de frapper la rivale avec l’un des wagons de son train électrique. Mais, pas à pas, il va découvrir qu’être grand frère, c’est pour la vie…

Premier instant de grâce quand la mère se penche pour faire découvrir le visage emmitouflé de Miraï (qui veut dire « avenir ») à son grand frère : sous les pinceaux de Hosoda, la mouflette a la fragilité d’un bouton de rose, l’éclat d’une pierre de lune. Avec un sens de l’observation et une précision exceptionnelle du dessin, il capte la vérité de chaque expression ou posture du petit garçon, qu’il dorme avec son pyjama un peu baissé sur les fesses, ou qu’il enjambe, hardi et malhabile, un obstacle trop haut pour lui. La petite enfance est saisie au tamis le plus fin, avec un héros dont les traits évoquent le visage d’un autre enfant de cinéma, mais en images réelles : celui de la jeune Ana Torrent dans L’Esprit de la ruche, de Victor Erice (1973). Quant à la manière du cinéaste de s’attacher aux détails du quotidien familial — les parents débordés par ce deuxième enfant, le père au foyer qui fait du mieux qu’il peut, les légères tensions conjugales —, elle vient, à l’évidence, du cinéma pointilliste d’Ozu.

Pour résorber la jalousie incontrôlable du petit frère, Mamoru Hosoda le fait voyager dans le temps. Partant d’un arbre, au centre du petit jardin de la maison, la chronique réaliste s’envole ou plonge régulièrement dans le passé ou l’avenir : Kun y rencontre, successivement, Miraï devenue collégienne, sa mère sous les traits d’une gamine délurée, ou son grand-père, jeune homme revenu blessé de la guerre. Rien de mieux qu’un arbre généalogique magique pour accepter sa place et son identité. Miraï, ma petite sœur est un merveilleux film sur la famille, pour toute la famille.

Sortie le 26 décembre 2018.

Source : telerama